Métiers, compétences et formation : le design face aux défis des transitions

"Il est nécessaire d'apporter aux étudiants dans les formations de design un socle de connaissances scientifiques sur les enjeux des transitions socio-environnementales ainsi que des connaissances en sciences sociales sur les conditions du changement socio-technique, afin qu'ils puissent être des acteurs capables de concevoir et d'accompagner les transformations nécessaires."
Un designer

Longtemps associé à des métiers traditionnels comme la conception d’objets, d’espaces ou de supports graphiques, le design est aujourd’hui en pleine mutation. Sous l’effet des transitions écologiques, numériques et sociales, il se réinvente pour répondre à des enjeux toujours plus complexes : imaginer des services accessibles, développer des outils numériques durables ou encore transformer les systèmes alimentaires.

Mais cette transformation des pratiques professionnelles s’accompagne de nouvelles attentes, auxquelles les designers doivent s’adapter rapidement. Parmi elles : la maîtrise de l’éco-conception, la gestion de projets interdisciplinaires ou encore l’utilisation de technologies avancées comme l’intelligence artificielle. Ces compétences, bien que cruciales, peinent encore à trouver leur place dans les cursus éducatifs actuels.

"Les pratiques de design sont intrinsèquement en mutations car elles accompagnent les mutations des sociétés et de l'environnement dans lequel nous évoluons plus globalement."
Une designer

Un marché de l’emploi sous tension

Les entreprises et institutions cherchent désormais des professionnels capables de conjuguer innovation technologique, responsabilité environnementale et inclusion sociale. Pourtant, un décalage persiste entre les formations existantes et les besoins réels du marché. D’après une récente enquête nationale, seules 37 % des formations en design abordent des compétences en adéquation avec les attentes des employeurs, notamment dans les secteurs de l’éco-conception ou du numérique.

Cette inadéquation s’observe aussi au niveau international, où les écoles de design les plus avancées – comme l’Aalto University en Finlande ou le Royal College of Art au Royaume-Uni – intègrent déjà des modules sur la durabilité et l’intelligence artificielle. En comparaison, les établissements français peinent à proposer des parcours suffisamment transversaux et adaptables pour répondre aux mutations rapides des métiers.

"Former des futurs designers de projets transdisciplinaires et culturels pour penser, considérer et répondre aux besoins & aux usages du territoire dans une démarche de design global (objet, espace, graphisme, numérique, social, métiers d'art, textile, etc.)."
Un designer

Un enjeu de réforme éducative

Pour répondre à ces défis, une réforme des formations en design est indispensable. Cela passe par des approches pédagogiques plus modulaires, permettant aux étudiants de personnaliser leur parcours en fonction des besoins émergents. L’interdisciplinarité, qui favorise les collaborations entre designers, ingénieurs et sociologues, doit également devenir un axe central de l’enseignement.

Par ailleurs, le renforcement des partenariats entre écoles et entreprises est une condition essentielle pour réduire les écarts entre théorie et pratique. Stages longs, laboratoires partagés et programmes de co-innovation permettraient d’ancrer les compétences enseignées dans les réalités du marché.

Le design est aujourd’hui à un tournant. En modernisant ses formations et en soutenant l’acquisition de nouvelles compétences, il pourrait s’imposer comme un acteur central des grandes transitions contemporaines – non plus comme une discipline à part, mais comme un élément central des transformations économiques et sociales à venir.